Dans cette section, vous trouverez des mots et expressions de niveau avancé remis en contexte. Lisez le texte dans son intégralité puis répondez aux questions de compréhension. Dans les sections suivantes, vous aurez des exercices de vocabulaire pour vous aider à mémoriser les expressions.

Marie était très stressée ce matin. Elle venait de se lever et de se rendre compte qu’elle était atrocement en retard.
— Zut, s’écria-t-elle.
La veille, elle avait demandé à sa colocataire, Apolline,  de la réveiller à six heures trente, car quelques jours auparavant, Marie avait fait tomber son portable dans les toilettes. Elle avait placé ce dernier dans un Tupperware rempli de riz dans l’espoir qu’il se rallume suffisamment longtemps pour qu’elle puisse sauvegarder ses données, mais jusque là sans succès. Elle n’avait pas eu le temps d’en racheter un nouveau, étanche, cette fois-ci et elle commençait à penser que le site web sur lequel elle avait trouvé cette astuce avait raconté un bobard. pour couronner le tout, Apolline n’était pas une jeune femme matinale, cette dernière était probablement encore en train de dormir. Marie se dit que c’était la dernière fois qu’elle faisait confiance à quelqu’un. Elle traversa le logement et se précipita dans la chambre de bonne dans laquelle dormait Apolline et la réveilla en lui sautant dessus.
— Réveille-toi, dit Marie. T’es vraiment chiante, je suis super en retard à cause de toi !  
Apolline ouvrit lentement les yeux puis aperçut l’heure qu’affichait le petit réveil rouge en forme de champignon  que sa mère, dans l’espoir d’améliorer sa ponctualité, lui avait offert pour son anniversaire il y a trois jours .
— Je suis désolée, ne t’énerve pas contre moi ! Je ne maîtrise pas complètement ce fichu réveil, répondit Apolline. Attends, je vais te filer un coup de main.
Apolline s’extirpa tant bien que mal des couvertures et emboîta le pas à Marie qui se dirigeait vers la cuisine. Elle aida Marie à mettre dans la voiture de magnifiques robes brodées du XIVe siècle qui allaient être utilisées pour le tournage d’un film. Marie adorait son travail de costumière. Grâce à son métier, elle avait la chance de pouvoir raconter une histoire et de voyager dans le temps par l’intermédiaire des vêtements et de leurs accessoires. Elle concevait des costumes pour toutes sortes de films, elle organisait des séances d’essayage avec les acteurs et discutait du budget avec les producteurs. Le plus gratifiant pour Marie, c’était de pouvoir voir l’aboutissement de plusieurs mois de travail lors de la première projection du film.
Marie se souvint qu’elle avait oublié de commander au café du coin des cappuccinos pour le reste de son équipe qui l’attendait sur les lieux du tournage.
— Pas de problème, dit Apolline, t’en prends combien ?
— Huit, s’il te plaît, répondit Marie.
— Je vais te les chercher, s’empressa de répondre Apolline avant de traverser la rue en direction du café.
Cette dernière n’était pas très fière d’avoir mis Marie en retard. Elle se dit qu’à partir de maintenant, elle mettrait l’alarme de son réveil et celui de son portable. Cette double assurance devrait lui éviter de nouvelles déconvenues.
Apolline arriva au café qui malgré l’heure matinale, était déjà bondé. Elle se mit en début de queue et attendit patiemment son tour. Elle s’occupait en observant les employés qui s’affairaient à la préparation des commandes. Elle remarqua qu’un des barmans était particulièrement charmant. Il avait la peau bronzée et de larges épaules musclées. Il avait les traits du visage relativement fins, des pommettes saillantes et une mâchoire plutôt carrée.   Ses cheveux châtain foncé légèrement ondulés mettaient en valeur ses yeux d’un bleu étonnement clair. Elle se dit qu’il correspondait parfaitement à l’image qu’elle se faisait du dieu grec Apollon. Ses parents, tous deux professeurs à la faculté des sciences historiques de Strasbourg étaient passionnés par l’histoire grecque, en particulier la Grèce antique et donnaient des cours là-bas depuis une vingtaine d’années déjà. Ils avaient d’ailleurs nommé leur fille Apolline, en hommage à ce dernier, dieu des arts et de la raison. Apolline ricana, car elle en était tout le contraire. Elle n’avait pas une once de fibre artistique en elle et la raison n’était pas la première qualité qui venait à l’esprit pour la décrire. Elle était plutôt aux antipodes. Bien que dotée d’une vivacité d’esprit remarquable, elle se laissait  souvent guider par son instinct et ses lubies. Ses remarques cinglantes et son attitude désinvolte lui avaient attiré bon nombre d’ennuis. D’ailleurs, elle se rendit compte qu’à cause de l’agitation de ce matin, elle avait complètement oublié de se changer. Elle ne se fondait pas vraiment dans la masse, au milieu de ces cadres et de ces employés de bureau tous habillés chic. Les femmes portaient de beaux blazers de luxe, des jupes crayon ou des pantalons sobres  et les hommes d’élégants costumes en laine sublimés par des chemisiers à col italien. Ces hommes et ces femmes, venus à la capitale tenter leur chance pour faire des études dans des écoles prestigieuses et trouver un emploi lucratif, avaient tous des postes hauts placés dans des entreprises connues pour employer des requins de la finance et des cadres aux stratégies marketing redoutables. Les pauvres malheureux qui n’avaient pas le caractère assez trempé, se faisaient bouffer en quelques semaines au milieu de cette jungle métropolitaine. Apolline, elle, était encore en pyjama. Son bas de pyjama était en fait un bas de jogging de couleur noire des plus banal. Cependant, son t-shirt représentait un tyrannosaure en train de courser un homme avec l’inscription « Manger Bouger », célèbre slogan de la campagne nationale française pour la santé publique. C’est donc les bras croisés et fort embarrassée qu’Apolline s’avança jusqu’au comptoir où l’attendait le beau barman aux yeux bleus. 
Bonjour, qu’est-ce que je vous sers ? s’enquit-il  d’un air sérieux.
Son regard pénétrant déstabilisa Apolline.
 — Heu… Je… Je voudrais huit cappuccinos s’il vous plaît, bredouilla cette dernière soudainement très timide.
— Huit ? ! s’étonna le barman, vous avez une dure journée qui s’annonce ?
— Alors oui, mais les cappuccinos ne sont pas pour moi, c’est pour les collègues de ma colocataire qui a oublié de les réserver.
— Et vous, qu’est-ce que je vous sers ? … Attendez, laissez-moi deviner…
Apolline se sentait rougir, totalement déstabilisée par l’intérêt que lui portait le jeune barman. 
— Ahah ! Vous ne devinerez jamais ce que j’aime, je suis un véritable mystère, ma coloc’ pourra en attester ! Vous pouvez me tutoyer au fait, nous ne sommes pas au pôle gériatrie du CHU.
Apolline tentait de faire de l’humour pour noyer le poisson et éviter que le barman, qui s’appelait Nathan, comme l’indiquait le nom cousu sur son uniforme, ne remarque son embarras .
Nathan laissa échapper un petit rire et hocha la tête. Puis, soudain, il s’approcha du visage d’Appoline.
— Ça y est, j’ai trouvé ! s’exclama-t-il. Je dirais un matcha latte ! Et tu peux m’appeler Nathan, enchanté… Nathan regarda Apolline d’un air interrogatif.
— …Apolline, enchantée ! Et pas mal, j’aime bien le matcha ! 
— Je le savais ! Tu as l’air de quelqu’un qui prend soin de son corps. Bien que le matcha contienne de la caféine, il est beaucoup plus sain pour la santé.
 — C’est vrai qu’il était particulièrement difficile de le deviner aujourd’hui, dit Apolline en montrant du doigt la phrase « MANGER BOUGER » écrite en grosses lettres sur son t-shirt.
Les deux jeunes adultes se mirent à rire. Apolline commençait à apprécier le réveil de sa mère qui avait mis Marie en retard. 
Tout à coup, l’homme quadragénaire qui faisait la queue derrière Apolline s’approcha des deux jeunes gens.
— Désolé de vous déranger, mais il y en a qui travaillent, allez vous trouver un hôtel, les jeunes ! 
Nathan s’excusa platement auprès de l’homme d’affaires et accéléra la cadence. Apolline, elle, se sentit virer au rouge cramoisi et essaya de se souvenir de la dernière fois qu’elle avait couché avec quelqu’un. Le souvenir était flou, très flou et très lointain. Sa dernière relation amoureuse s’était terminée en un fiasco total avec une admission à l’hôpital et des sourcils brûlés (ceux d’Apolline). La seule chose positive dont elle pouvait se souvenir de cette époque, c’était la sucette avec laquelle elle était ressortie des urgences. Une infirmière très sympa le lui avait donné en guise de consolation pour ses sourcils brûlés. 
Nathan finit de préparer la commande et la déposa sur le comptoir.
— Nickel, dit Apolline. 
— Tu as besoin d’un sac pour tout porter ?
— Non, ça va aller merci. Je te dois combien ?
— Ça te fera 31 euros … 
Apolline sortit deux billets de 20 euros de sa poche et les tendit à Nathan. Ce dernier lui rendit la monnaie et lui glissa entre les doigts sa carte de visite.
— Au cas où tu aurais une autre urgence Cappuccino, dit-il en lui faisant un clin d’oeil.
Ni une ni deux, Apolline lui tendit sa propre carte de visite et lui dit :
— Au cas où tu aurais une envie urgente de voir un film. 
Apolline lui sourit, prit les boissons et se dirigea vers la sortie. En se retournant, elle aperçut du coin de l’oeil le regard interloqué de Nathan. Apparemment, sa petite tentative de flirt avait eu son effet.
Très satisfaite, elle rejoint Marie à grandes enjambées
— C’est pas trop tôt, tu en as mis du temps ! s’exclama cette dernière.
— Il faut que je te raconte, il m’est arrivé un truc ! 
— Désolée, j’ai pas le temps là, je suis trop à la bourre
— Pffff… C’est chiant ! Limite il faut caler un rendez-vous pour pouvoir te parler plus de cinq minutes !
— Exactement, dit Marie en s’installant sur le siège conducteur de sa voiture et en allumant le contact du véhicule. Tu seras rentrée à dix-huit heures ? 
— Ouais, répondit Apolline, aujourd’hui on ne fait qu’une répétition de scène, ce sera bouclé en quelques heures.
— OK, on se voit ce soir alors ! 
— Oui enfin, si tu arrives à rentrer avec ton vieux tacot. Je suis sûre qu’à cheval tu irais plus vite, se moqua Apolline.
Marie tira la langue à Apolline et s’éloigna à bord de sa Peugeot 106 blanche toute cabossée. Apolline esquissa un sourire en regardant son amie s’éloigner.

Relisez le texte et répondez aux questions de compréhension :